Syndrome physio-kundalini

Une approche psychophysiologique et transculturelle

Le terme kundalini, issu de la tradition yogique, est utilisé pour décrire un phénomène symbolique d’activation corporelle ressenti le long de la colonne vertébrale.
Dans une perspective contemporaine, ce phénomène peut être compris comme une réponse psychophysiologique intense, impliquant des processus de régulation du système nerveux et de conscience corporelle élargie.

Dans les traditions orientales, ce processus est souvent décrit comme une montée progressive d’énergie à travers différents centres d’attention corporels (parfois appelés chakras).
Les sciences modernes de la santé s’y intéressent aujourd’hui pour mieux comprendre la dynamique corps–esprit et les réactions neurovégétatives associées à certaines pratiques de méditation ou de pleine conscience.

En Suisse, le psychiatre Carl Gustav Jung avait abordé dès 1932 ce phénomène dans ses conférences au Club psychologique de Zurich, en le reliant à la psychologie analytique et aux archétypes universels. Plus récemment, la terminologie de syndrome physio-kundalini a été adoptée dans la littérature scientifique (Greyson, 1993 ; Benning et al., 2019) pour désigner un ensemble de manifestations psychophysiologiques observées chez certaines personnes confrontées à des expériences de conscience intenses.

Déclenchement et description du phénomène

Selon plusieurs études, un phénomène de type kundalini peut se produire dans différents contextes :

méditation ou respiration prolongée,
réflexions existentielles profondes,
expériences émotionnelles ou spirituelles marquantes (ex. : expérience de mort imminente),
pratiques corporelles méditatives telles que le yoga ou le qigong,
exposition prolongée à la musique ou à des états de concentration intense.

Ces contextes peuvent activer une réorganisation psychophysiologique rapide, parfois difficile à réguler, donnant lieu à un ensemble de manifestations sensorielles, motrices et émotionnelles.

Crise spirituelle ou émergence spirituelle

Vivre une expérience de type kundalini peut prendre deux formes principales :

1/ Crise spirituelle lorsque l’activation est brutale, la personne peut vivre un épisode déstabilisant appelé syndrome physio-kundalini. Les manifestations les plus fréquentes sont :

motrices : mouvements corporels involontaires ;
somatosensorielles : sensations intenses de chaleur, de froid ou de tension interne ;
perceptives : lumière, sons internes ou altérations de la perception ;
émotionnelles : peur, euphorie, larmes ou sentiment d’amplification sensorielle.

Avec un accompagnement psychologique adapté, ces manifestations se régulent généralement d’elles-mêmes et peuvent être intégrées dans un processus de croissance personnelle.

2/ Émergence spirituelle :

lorsque l’expérience est progressive, elle favorise une intégration harmonieuse et un développement existentiel positif.
De nombreuses études rapportent que les personnes concernées évoquent une meilleure cohérence corps–esprit, une plus grande créativité, et une augmentation de la perception intérieure et relationnelle.
Si le processus devient incontrôlable et perturbe le fonctionnement quotidien, un soutien clinique spécialisé est alors recommandé pour restaurer l’équilibre psychophysiologique.

Cadre scientifique

La recherche contemporaine s’intéresse de plus en plus à ces phénomènes dits de conscience élargie.

Le syndrome physio-kundalini n’est pas une pathologie reconnue, mais une description phénoménologique utile pour distinguer les expériences intégratives des épisodes de crise.

Ces études encouragent la formation des professionnels de santé mentale afin de reconnaître et d’accompagner ces vécus de manière éthique, sécurisée et culturellement respectueuse.

Sources: